Bruno Mettling a accumulé au fil des années une connaissance et une expertise rares sur le continent

Bruno Mettling a accumulé au fil des années une connaissance et une expertise rares sur le continent. Dans Booming Africa, le patron d’Orange Afrique condense cette expérience pour évoquer les facteurs clés de la révolution numérique sur le continent.

Votre livre semble acter un rendez-vous que vous prenez avec l’histoire, celle de la révolution digitale…

C’est surtout un témoignage que j’ai voulu donner, après plus de trois ans passés à la tête d’Orange Afrique-MoyenOrient, sur ce qui m’est apparu progressivement comme une évidence : l’impact majeur de la transformation numérique du continent.

Quel est le message ? Nous devons prendre conscience que le rythme de la démographie en Afrique ne sera une chance que si l’on parvient à éduquer sa jeunesse. Nous devons sortir d’un discours un peu contestable, qui consiste à considérer que, par essence et dans tous les cas, la croissance démographique serait une chance pour l’Afrique alors que, chaque jour, la réalité – je pense notamment à ces personnes sur les routes de l’exode – témoigne de la difficulté à trouver une croissance inclusive. Le président ivoirien Alassane Ouattara l’a dit : la croissance démographique ne sera une chance qu’à la condition d’être mise au service d’une population et d’une jeunesse éduquée, à même de s’insérer dans une dynamique et dans une croissance économique inclusive.

Le deuxième point important, c’est qu’aujourd’hui en Afrique, nous disposons de suffisamment de témoignages concrets sur l’impact de la transformation numérique qui attestent de ce que cette transformation est une clé majeure pour donner à cette population l’accès aux services d’éducation, de santé, de développement de l’agriculture etc.

C’est la conviction profonde, la thèse centrale, que j’exprime dans ce livre, à l’attention des responsables, bailleurs de fonds, et autres acteurs du développement : le numérique est une partie de la réponse pour permettre à l’Afrique de connaître une croissance beaucoup plus soutenue, beaucoup plus efficace et inclusive au service de ses populations. Je rapporte près d’une centaine d’exemples concrets : oui, le numérique peut largement contribuer à répondre à la problématique de l’éducation ! Oui, il peut largement contribuer à développer le système de santé, notamment en matière de prévention, auprès des populations ! Oui, le numérique peut permettre aux agriculteurs de voir croître leurs revenus de l’ordre de 10 % à 80 % et d’utiliser leurs réserves de terres agricoles qui sont encore largement sous-exploitées sur le continent ! Oui, l’e-administration, ça fonctionne pour collecter l’impôt, pour moderniser les services de l’administration ! Il est permis d’imaginer une administration beaucoup moins tatillonne et bureaucratique, et à terme, beaucoup plus efficace.

Oui, le numérique permet, comme il l’a démontré dans la téléphonie mobile, pour la banque, de favoriser l’inclusion économique des populations. Mais l’Afrique est confrontée à des urgences, face auxquelles les inerties demeurent et empêchent souvent un développement généralisé du continent.